Vie des entreprises : le harcèlement moral au travail continue de prospérer
Par Empreinte Humaine
La période post pandémie de COVID-19 et son impact significatif sur l’organisation du monde du travail laissait augurer des changements d’envergure dans les interactions au sein de l’entreprise et notamment concernant les pratiques managériales.
Les comportements inappropriés au travail (qui peuvent désigner la violence, la discrimination ou le harcèlement, mais également un comportement sexuel indésirable) n’ont pas cessé.
Les risques psychosociaux (RPS), au premier rang desquels le harcèlement moral au travail, peuvent représenter un fardeau économique et social, in fine dans certains cas ils mènent à des pathologies qui ne sont pas toujours reconnues comme des maladies professionnelles.
2 cas de dépression sur 10 sont directement imputables au stress professionnel
Plusieurs éléments viennent étayer scientifiquement ce constat dont une récente étude de l’Inserm en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal. Elle a été conduite à l’échelle européenne et financée par l’institut de recherche indépendant European Trade Union Institute (ETUI) : (Les fractions et la charge des maladies cardiovasculaires et de la dépression attribuables aux expositions psychosociales au travail dans l’Union européenne, octobre 2023). Pour calculer la part des pathologies attribuables aux risques psychosociaux (RPS), les deux chercheuses à la tête de l’étude se sont appuyées sur l’enquête européenne sur les conditions de travail (Eurofound) – les chiffres datent de 2015 – et sur une revue de littérature scientifique.
Cette étude portant principalement sur la santé mentale au travail démontre que près de 2 cas de dépression sur 10 sont directement imputables au stress professionnel, ses résultats permettent de dire de quels maux souffrent les salarié(e)s européen(e)s à cause des RPS et de faire émerger des spécificités selon les pays.
La France : pays européen le plus touché par les dépressions liées aux environnements de travail nocifs
La France arrive en tête en termes de dépressions attribuables au harcèlement moral au travail.
« Sur l’ensemble des cas de dépression des 15-64 ans employé·es en 2015, 19 % étaient attribuables au harcèlement moral au travail, souligne Hélène Sultan-Taïeb. C’est impressionnant car la moyenne européenne est d’environ 9 %. Cela semble traduire une spécificité française des modes de management dans les entreprises. » selon les chercheuses de l’étude.
Des secteurs d’activités plus touchés que d’autres par le harcèlement
Une autre étude, se focalisant uniquement sur la France et datant de ce début d’année, indique que les salarié(e)s des secteurs banque et assurance sont particulièrement touchés par le harcèlement.
Le « Baromètre sur le harcèlement au travail – focus banque assurance » (Ipsos pour Qualisocial, janvier 2023) a révélé que 45 % des salariés de ces branches déclarent avoir été victimes de harcèlement au travail, soit 28 % de plus que dans les autres secteurs. 12 % de ces situations de harcèlement sont remontées aux employeurs contre 29 % dans l’ensemble des secteurs et les femmes seraient davantage touchées (51 % des salariées du secteur banque et assurance versus 38 % des actives tous secteurs confondus). À noter aussi, les situations de cyberharcèlement sont particulièrement importantes dans ces secteurs d’activités, avec 36 % dans le secteur banque et assurance contre 13 % sur l’ensemble de la population salariée. Enfin, la proportion de cadres de ces domaines qui affirme avoir été auteurs de situations de harcèlement au travail est également plus importante que dans les autres branches d’activités (21 % des salariés de la branche versus 13 % des salariés).
« L’arrivée dans le monde de l’entreprise de nouvelles générations très attentives à la question du harcèlement, tout comme les modifications légales faisant peser des responsabilités nouvelles sur les épaules des employeurs, vont dans le sens de l’augmentation de la prise en compte du sujet dans les entreprises, de gré ou de force. Des modes de management ancrés depuis des décennies risquent de se heurter de plus en plus à des plaintes et rejets de ces pratiques. » selon Christophe NGUYEN, psychologue du travail et des organisations et fondateur d’Empreinte humaine, cabinet spécialisé dans la Qualité de Vie au Travail (QVT) et les Risques Psychosociaux (RPS).
À propos d’EMPREINTE HUMAINE :
Fondé en 2012 par Christophe NGUYEN (psychologue du travail et des organisations, enseignant) et Jean-Pierre BRUN (professeur de management à l’Université de Laval, Québec), Empreinte Humaine est un cabinet indépendant spécialisé dans la promotion de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et la prévention des Risques Psychosociaux (RPS). Habilité Intervenant en Prévention des Risques Professionnel et organisme de formation, Empreinte Humaine s’appuie sur des bases scientifiques rigoureuses et des résultats tangibles auprès de nombreuses entreprises françaises et internationales, de toutes tailles et secteurs d’activité.
Le cabinet compte sur une équipe de consultants internes et un réseau de consultants présents dans toute la France, au Canada et une vingtaine de pays dans le monde. Il travaille main dans la main avec des psychologues du travail, des cliniciens, des médecins du travail, des préventeurs, des psychosociologues, des ergonomes, coachs et professeurs de management.
Le cabinet publie régulièrement des données scientifiques sur les enjeux de Qualité de Vie au Travail (QVT) et de prévention des Risques Psychosociaux (RPS) à travers des baromètres « État de santé psychologique des salariés français » et des publications dans des revues scientifiques internationales ou françaises.