En coup de vent
Ils ont encore frappé, un grand coup.
Comme le disait l’un d’eux, sûr de sa supériorité : « il faut occuper le temps disponible du cerveau humain ».
Comme si le sien pouvait en réchapper.
Alors, ils font des lettres, des mots, des phrases, des lignes, des paragraphes, des pages, des chapitres, des résumés, des synthèses, des débats, des colloques, pour étendre à l’infini les événements dispersés trouvés à terre, dans les mers, océans, ciel et au-delà des nuages.
Jamais, ces gens la ne s’arrêtent, il leur faut, chaque matin, chaque midi, chaque après-midi, chaque soirée, chaque nuit remplir encore et toujours des secondes, des minutes, des heures, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours de la semaine, du mois, du trimestre, de l’année pour mieux recommencer l’an prochain.
D’un événement, somme toute naturelle, par exemple une tempête pourtant passée comme les autres, ils envoient des images grossissantes sans veiller à la qualité de leurs loupes grossières.
Les quelques sachants, encore à peu près objectifs, mais prudents de ne pas pouvoir revenir faire la vedette le temps d’un instant télégénique, avaient beau dire, qu’elle serait moins pire que celles déjà vécues en 1999, que les grandes marées s’étaient retirées, il leur en fallait toujours plus.
Alors les bons conseils avisés arrivent aussi vite qu’un coup de vent : fermer vos volets si vous ne voulez pas qu’ils battent au vent ; ce qui, à l’évidence des images faites en urgence, n’a pas empêché de joyeux adultes fiers d’eux-même, bravant les éléments, se gaver d’images pour dire que eux, ils y étaient.
Et, si un média pouvait prendre une de leurs prises de vues, même sans contrepartie, quel succès, quel vedettariat sur la place de l’église ou de la mairie, selon leurs (non) croyances.
Chapeau les artistes, encore un bon coup, une bonne audience à faire remonter la valeur des publicités télévisées.