Dialogue de sourds et surenchères en France
La France se trouve dans une drôle de situation.
D’un côté un package nommé « la loi travail » que la ministre du travail Myriam El Khomri tente de porter à bout de bras alors que ce package est un pur produit Emmanuel Macron.
En aparté, je me demande de plus en plus pour qui roule Emmanuel Macron, pour le gouvernement et dans les intérêts de la France ou pour lui. Dans le style bizarrerie de langage, on sait, depuis peu, parce qu’il l‘a dit, que si l’on veut de beaux costumes comme les siens, rien de plus simple, il suffit de travailler pour se les payer.
Il n’est certainement pas facile, en France ou ailleurs, d’apporter des modifications structurelles à l’organisation du travail.
Et c’est que prévoit ce package loi travail.
C’est pour cela, que je me demande quelle mouche a piqué Manuel Valls, le Premier ministre, d’utiliser l’article 49,3 pour faire passer cette loi, en coupant court à toutes les discussions. Le minimum, en démocratie est d’accepter le débat, même si face à un pareil package, il aurait long, laborieux avec le risque de n’aboutir à rien.
Avec le 49,3, la réaction ne s’est pas fait attendre, une poignée de syndicalistes de la CGT ont bloqué les raffineries et les dépôts de carburant. Les dépôts ont été débloqués par les forces de l’ordre, mais ce n’est pas une solution, les stocks ne sont pas infinis.
La plupart des raffineries sont bloquées et leur remise en marche ne se fera pas en appuyant sur un bouton.
En dehors de la CGT, un autre syndicat, FO menace de perturber le bon déroulement de l’Euro 2016 par des grèves de transports et autres.
Résultats, par rapport au nombre d’habitants en France, nous avons :
– d’un côté, l’exécutif, donc quelques personnes, qui tentent d’imposer une loi par la force.
– de l’autre côté, une poignée de syndicalistes qui par des actions ciblées sur des points stratégiques, tel que l’énergie, peuvent bloquer le pays.
Globalement, exécutif et syndicats, soit quelques centaines de personnes prennent en otage plus de 65 de millions d’habitants en France.
Et depuis des jours, exécutifs et représentants des syndicats se regardent en chien de faïence et le président de la République, François Hollande passe son temps à se balader à nos frais.
À quel moment, François Hollande sifflera-t-il la fin de la partie ? Il est le seul, aujourd’hui, à avoir le pouvoir de faire quelque chose.
Manuel Valls (Premier ministre), Philippe Martinez (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) sont bloqués et dans l’impossibilité d’une quelconque discussion.
Après avoir sorti le 49,3, le Premier ministre ne peut plus revenir en arrière, et pour les 2 chefs syndicalistes le retrait de cette loi devient théologique.
De fait, seul le président de la République peut intervenir, mais il peut également laisser pourrir la situation en se disant que ça finira par se calmer (mais, rien n’est certains).
Le problème, si François Hollande intervient, il doit retirer la loi travail et donc désavouer son Premier ministre. Dans ces conditions, Manuel Valls doit donner ses démissions.
À ce moment-là, François Hollande peut nommer un nouveau Premier ministre avec instruction de ne surtout plus rien faire, de gérer les affaires courantes jusqu’à la présidentielle.
Ou bien, il peut dissoudre l’Assemblée, on vote, on lui envoie une chambre de droite et François Hollande se retrouve en cohabitation. Situation qui n’est pas invivable, la preuve, François Mitterrand et Jacques Chirac l’on vécut et ont même été réélu au sortir de la cohabitation.
Le plus vite possible, François Hollande doit prendre une décision, où au moins faire passer le message qu’il décide de ne rien décider.