C’est n’importe quoi !
Je sais qu’en France, on est présumé innocent et pour être vraiment condamné, il faut avoir été jugé, condamné en première instance, puis en appel, et enfin confirmé en cassation.
Partant de ce principe, François Fillon est toujours présumé innocent, malgré le fait qu’il a été mis en examen pour « détournement de fonds publics », « recel et complicité d’abus de biens sociaux » et « manquement aux obligations déclaratives à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ».
Si j’ai bien compris ce que son avocat a raconté, il comptait faire appel de cette mise en examen.
Le problème est que l’annulation de la mise en examen, ce qui semble improbable, laissera un doute sur l’innocence ou non de François Fillon, ce n’est pas une relaxe. Pas davantage, si les juges d’instruction n’allaient pas au bout, s’ils renonçaient à renvoyer le dossier devant un tribunal, donc prononçaient un « non-lieu ».
Le seul moyen aujourd’hui pour François Fillon de prouver son innocence est d’aller jusqu’au procès et d’obtenir la relaxe du juge au tribunal, à l’issue du procès.
Le problème pour la République (et le parti politique qui se nomme Les Républicains) est d’avoir l’un des candidats mis en examen, François Fillon (qui va voter pour lui ?).
Comme tous les candidats, François Fillon a un noyau dur d’électeurs, qui ne se détourneront pas de lui. Mais et les autres, pour qui ont-ils voter ?
François Fillon peut-il aller au bout et atteindre le 23 avril ? Pourquoi pas, rien ne l’en empêche. Mais, pourquoi faire ?
Et pour couronner, le tout dans cette élection absurde, il ne semble pas impossible de Marine Le Pen puisse être mise en examen, elle aussi, avant le 23 avril.
Sans oublier, l’enquête qui est lancée sur Emmanuel Macron pour favoritisme lors d’un déplacement en tant que Ministre à Las Vegas.
Et moins grave, mais pas honorable, le candidat favori mais perdant de la primaire socialiste, Manuel Valls, qui refuse de soutenir le vainqueur Benoît Hamon.
Ce ne sera pas un votre contre comme en 2012… « tout sauf Sarkozy », ce sera un vote « n’importe quoi ».
Le Conseil constitutionnel devrait se saisir de ce bloc d’affaires et – s’il y a une solution légale – repousser d’au moins 6 mois les élections du Président et des Députés. Le temps que nos politiques reprennent leurs esprits et nous proposent des candidats… présentables.
En l’état actuel, pour le 23 avril, c’est n’importe quoi.