Réflexions

Les seniors sont les premiers visés par la pauvreté

Dans l’ancien temps, où on ne connaissait pas les régimes de retraite d’aujourd’hui, l’existence des seniors reposait sur la solidarité du groupe familial, dont la vie était organisée en conséquence, ce qui expliquait la cohabitation de plusieurs générations sous le même toit, rarement plus que trois, car l’espérance de vie était plus courte que maintenant.

Cette solidarité a été rompue dans nos sociétés industrielles au profit de chacun chez soi, d’où la naissance des régimes de retraite, fondés les uns sur l’épargne individuelle, la capitalisation et les autres sur la solidarité collective, la répartition.

Toutefois, elles ont un point commun, celui de distribuer, à leur manière, une partie du produit du travail des actifs.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a été l’occasion de mettre à plat les normes de financement en vigueur, il était communément admis, concernant les retraites, que pour vivre décemment, un retraité avait besoin d’un revenu de remplacement de plus ou moins des 2/3 de son revenu d’activité, ce qui, à l’époque était à la portée, pour une carrière complète, de la majorité des gens.

Les pères fondateurs des régimes de retraite par répartition, qui sont les nôtres, pensaient que les gains de productivité permettraient de compenser le coût de l’allongement de l’espérance de vie, et là, ils se sont trompés lourdement, l’allongement de l’espérance de vie est supérieur à toute attente.

En France, l’État et les partenaires sociaux en ont tiré les conséquences, en tirant par des réformes successives le niveau des pensions vers le bas, puis la mauvaise conjoncture économique aidante, il n’est plus possible de réajuster les pensions en fonction de l’érosion continue du pouvoir d’achat, dont les retraites sont les premières victimes, en rejoignant progressivement la catégorie des pauvres de notre pays.

C’est dans ce contexte que les associations qui viennent en aide aux plus pauvres, dont le Secours catholique, alertent sur la pauvreté des seniors, un phénomène social qui s’est estompé depuis cinquante ans, redevient d’actualité.

Aujourd’hui, en France, près de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dont ceux reçus par le Secours catholique, qui vivent, avec en moyenne 540 euros par mois, plus quelques aides ponctuelles, en subissant une vie de privation.

Les plus chanceux sont ceux qui touchent de très petites retraites ou l’allocation de solidarité aux personnes âgées, l’ASPA, l’ancien minimum vieillesse, de 833,20 euros par mois depuis le 1er avril 2018.

Peut-on incriminer, dans la conjoncture actuelle, la politique sociale du gouvernement, à qui tout le monde demande tout ?

Judex

Judex est un juriste de la vielle école qui a fait sienne la maxime du professeur Léon Mazeaud, son président de thèse de doctorat , "Que le droit ne s’apprend pas mais se comprend "  en ajoutant " à la condition d’avoir, si possible, l’intelligence du droit "

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