Une courte critique du 40e album des aventures d’Astérix : L’iris blanc
Le 26 octobre 2023 comme prévu est sortie dans les librairies le 40e album des aventures d’Astérix : L’iris blanc, pour celui-ci avec des textes de Fabcaro et des dessins de Didier Conrad.
Bien que, pour une fois, je n’ai pas reçu l’ouvrage en service presse, j’ai été l’acheter contre monnaie sonnante et trébuchante.
L’histoire est dans l’air du temps, du bien-être et des relations entre les gens, je n’en dirais pas plus.
Si les dessins sont élégants et les dialogues précis, nous sommes très loin de l’humour de René Goscinny (le scénariste) et des dessins d’Albert Uderzo.
Pour les principaux personnages, Astérix, Obelix, … Didier Conrad s’est entraîné et le dessin est précis. Mais, d’autres personnages, que l’on avait l’habitude de croiser dans nombre d’albums, là Didier Conrad à une réinterprétation qui trahit le crayon d’Albert Uderzo. Par exemple Jules César ne ressemble pas au Jules César d’origine des albums (il a un air de famille mais c’est tout).
Le scénario manque de rebondissements, il n’y a pas vraiment de suspens et rien de percutant et d’humoristique dans les jeux de mots, très loin à des années-lumière de René Goscinny.
Au fil des albums, sans les créateurs des personnages, il y a au fur et à mesure une perte d’identité, des personnages, des dessins … des scénarios. Je ne suis pas certains que René Goscinny (le scénariste) et Albert Uderzo auraient publié l’Iris Blanc, du moins pas sous cette forme.
Je me demande si les héritiers de Tintin n’ont pas eu raison à la mort de Hergé de ne pas autoriser la sortie de nouvelles aventures de Tintin.
Mais, c’est du commerce, nul doute que ce nouvel album d’Astérix et Obelix aura un succès fou dans les librairies de la planète Terre.
Retour aux origines
Nous sommes en 1959 après Jésus-Christ. Le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo sont sous pression. Ils doivent créer une série originale de bande dessinée issue de la culture française pour le premier numéro de la revue Pilote qui doit sortir quelques semaines plus tard. Dans l’appartement d’Albert Uderzo, les deux auteurs se creusent la tête, lors d’une séance de « tempête de cervelles » désormais historique :
– « Cite-moi les périodes les plus marquantes de l’Histoire de France », commence René.
– « Ben, on a la période préhistorique », tente Albert.
– « Non, déjà utilisée », rétorque son ami.
– « Alors la Gaule et les Gaulois ? »
Aussitôt, René saisit la balle au bond, et les idées fusent. « En deux heures, tout a été fait, décidé… », raconte le scénariste. C’est ainsi que débutent Les aventures d’Astérix le gaulois le 29 octobre 1959 dans le premier numéro du magazine Pilote. Bientôt, toute la Gaule est occupée par les romains, la potion magique, les jeux de mots et de sibyllines citations latines.
Toute ? Oui, toute. Pour de grands moments d’aventures et de rigolades.
Fabrice Caro dit Fabcaro est auteur de bande dessinée et romancier. Parmi son oeuvre foisonnante débutée en 1996, on peut citer Le Steak haché de Damoclès (2005), La Bredoute (2007), On est pas là pour réussir (2012). Le succès se concrétise en 2015 avec l’album Zaï zaï zaï zaï qui obtient le Prix Landerneau BD « Coup de coeur », ainsi que le Prix Ouest France quai des bulles 2015, et de nombreux autres prix. L’album a été adapté en 2020 par François Desagnat. En 2016, il écrit le scénario des nouvelles aventures de Gai-Luron dessinées par Pixel vengeur (Fluide glacial). En 2018 paraît une autre oeuvre très remarquée, mélangeant humour absurde et satire sociale : Moins qu’hier (plus que demain). Son roman Le Discours (2018) a été adapté au cinéma par Laurent Tirard en 2020. En 2021, il publie Guacamole vaudou, un oto humoristique mettant en scène le comédien déjanté Éric Judor.
Comme Astérix, Didier Conrad est né en 1959. Sa première bande dessinée, Jason, est publiée en 1978. Il se lance ensuite dans l’animation des hauts de pages du magazine Spirou en compagnie du scénariste Yann, avec qui il crée par la suite la série mythique Les Innommables. Suivront de nombreuses productions pleines d’humour, notamment Bob Marone (1980), L’Avatar (1984), Le iège Malais et Donito (de 1991 à 1996) avec Wilbur. En 1996, Didier Conrad s’installe à Los Angeles pour travailler sur le développement visuel et le storyboarding du long métrage d’animation La route d’Eldorado (sorti dans les salles en 2000) produit par Dreamworks SKG. Puis il reprend la BD deux ans plus tard avec la suite des Innommables et poursuit sa collaboration avec Wilbur pour Tigresse Blanche (2005-2010), la série RAJ (2007-2010) et Marsu Kids (2011-2012). Il dessine les aventures gauloises depuis l’album Astérix chez les Pictes (2013).