Une attaque contre des pèlerins venus à la Ghriba à Djerba, en Tunisie, a fait cinq victimes

La Ghriba est la plus ancienne synagogue en Tunisie, fermée depuis des années au culte, mais ouverte aux touristes. Chaque printemps, elle attire un pèlerinage de juifs tunisiens dispersés dans le monde depuis la fin de l’ère coloniale.

La France s’est retirée de la Tunisie dans de bonnes conditions, ce qui a permis au président Habib Bourguiba d’ouvrir son pays au tourisme. Contrairement à d’autres, la Tunisie est prisée, notamment par les Français, pour des destinations telles que l’île de Djerba, située dans le sud-est tunisien.

La Tunisie est un pays musulman implicitement impliqué dans le conflit sans fin avec Israël, suite au refus du partage de la Palestine en deux États indépendants décidé par l’ONU. Dans ce contexte, il y a des fanatiques pour qui tous les juifs sont considérés comme des Israéliens, ce qui peut expliquer l’acte commis par un membre de la garde nationale tunisienne qui a ouvert le feu dans la synagogue de la Ghriba lors de l’afflux de pèlerins. Cet incident a causé la mort de 4 personnes, dont deux autres membres du service de sécurité, le tireur lui-même ayant été tué. Les motifs de l’assaillant ne font aucun doute.

Les autorités tunisiennes ont toujours assuré une protection renforcée lors de ce pèlerinage depuis un premier attentat en 2002 devant la synagogue, revendiqué par Al-Qaïda. L’explosion d’un camion piégé avait alors causé la mort d’une vingtaine de personnes. Bien que cela n’ait pas pu éviter cette attaque, la réponse rapide de la garde nationale tunisienne a empêché un carnage.

L’attachement officiel, voire populaire, à cette ancienne synagogue est réel. Il marque un intérêt pour le patrimoine historique qui est en train d’être redécouvert après des décennies d’invisibilité. Cependant, il faut également regarder la réalité en face. La communauté juive, qui comptait 100 000 personnes en 1956 avant l’indépendance, ne compte plus que 1 500 membres aujourd’hui, principalement concentrés dans le sud-est du pays à Djerba et à Zarzis. Leur présence ne pose donc pas de problème.

Une première vague d’émigration s’est produite lors de la création de l’État d’Israël, suivie des convulsions au Proche-Orient liées au conflit israélo-palestinien. Les Juifs tunisiens ont été régulièrement pris pour cibles, mais ils ont réussi à renouer des liens avec leurs compatriotes musulmans avec lesquels ils ont l’habitude de vivre.

Cependant, les Juifs tunisiens ne sont pas tout à fait des citoyens comme les autres, car la Constitution leur interdit d’accéder à la magistrature suprême, réservée aux musulmans et donc également interdite aux chrétiens. Notons qu’en 2018, un Juif issu d’une famille de Djerba est entré au gouvernement en tant que ministre du tourisme, une première depuis l’indépendance de la Tunisie en 1958. Le pays en avait besoin.

La Tunisie a tout intérêt à maintenir de bonnes relations avec l’Occident, car le tourisme est son activité majeure. Il reste quelques semaines aux hôtels et aux organismes touristiques pour convaincre les touristes hésitants de revenir cet été.

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