Les entreprises doivent s’adapter à la Génération Z
Souvent caricaturée sous les traits d’ados nonchalants, accros aux smartphones, aux selfies, aux réseaux sociaux et aux applications en tout genre, la génération Z fait l’objet de nombreux fantasmes et d’une littérature abondante de la part de managers, responsables des Ressources Humaines, déroutés par cette jeunesse qui impose ses codes en entreprise et qui représentera 50% de la workforce d’ici à 2020 [Etude « Meet the Millennials » – KPMG – Juin 2017].
Pour répondre aux idées reçues, Junior Consulting, la Junior-Entreprise de Sciences Po Paris, a administré un sondage auprès de 1000 étudiants issus de grandes écoles en France et à l’international pour connaître les valeurs et le rapport aux organisations des futurs leaders de demain.
Cette étude dément le cliché d’une génération inconséquente et égocentrée. Elle dresse au contraire le portrait d’une jeunesse qui a une conscience accrue des responsabilités qui pèsent sur ses épaules et qui aspire à plus d’autonomie et d’humanité au travail. Cette étude démontre également que pour « attirer et retenir des talents » [Selon une enquête récente de Bpifrance réalisée auprès de 2.000 dirigeants de PME et ETI, 6 PME sur 10 déclarent manquer de talents, à tout niveau de qualifications et de postes], les entreprises devront montrer patte blanche et afficher des standards de responsabilité et de bien-être au travail élevés.
Un embargo sur les entreprises non-responsables ?
La génération Z n’a connu que le chômage de masse et a été sensibilisée depuis son enfance à l’urgence environnementale propre à notre époque. Cette conjoncture semble avoir impacté les futurs décideurs de demain et leurs exigences vis-à-vis des organisations au sein desquelles ils candidateront et évolueront. Ils sont ainsi 63% à estimer que l’engagement de l’organisation pour des causes d’intérêt général a une incidence certaine sur leur choix de candidater ou non à un emploi. Les engagements écologiques ont un impact considérable sur les choix des futurs cadres et dirigeants de la génération Z : ils sont 95% à considérer que la responsabilité écologique de l’organisation sera un critère important dans leur recherche d’emploi et 35% estiment que c’est déterminant dans leur décision de candidater ou non à une entreprise. La politique des organisations en matière de droit à la déconnexion et de protection des données a également un impact majeur : ils sont 93% à considérer que c’est un critère important et 53% d’entre eux estiment que c’est déterminant dans leur choix de candidater.
Une génération autonome…mais attachée au salariat !
Cette étude contredit les commentateurs qui estiment que toute l’économie sera ubérisée et que le salariat serait d’ores-et-déjà mort. Parmi nos répondants français (833 répondants) étudiants en grande école, 19% souhaitent devenir des indépendants. 25% d’entre eux aspirent à la fonction publique et 56% envisagent être salariés du privé. Néanmoins, la majorité des futurs leaders de la génération Z semble très attachée à une autonomie accrue au travail : 83% des répondants estiment que l’autonomie intellectuelle et d’actions aura un impact décisif dans leur choix de candidater.
Un véritable renversement de paradigme
82% des répondants estiment que l’ambiance au travail présupposée sera un critère impactant dans leur recherche d’emploi. Pour 98% d’entre eux, l’attention portée par l’organisation au bien-être au travail est un élément important dans le choix de candidater ou non à un poste ; 66% considèrent même que c’est un critère déterminant. De même, 95 % des sondés déclarent être sensibles au fait que l’organisation soit engagée dans une démarche permettant une meilleure représentativité des salariés et des parties prenantes au sein des organes de décision. Dans la même veine, 79% des sondés souhaiteraient que leur entreprise propose des afterworks informels entre collègues, 89% souhaiteraient un espace dédié pour les pauses, 71% expriment une préférence pour des horaires à la carte et 62% apprécieraient pouvoir exercer leur métier dans une entreprise permettant le télétravail. Preuves s’il en faut que la génération Z incarne un véritable renversement de paradigme dans le rapport qu’entretiennent les salariés avec le travail. Ils aspirent à plus d’horizontalité, de convivialité et de flexibilité. Les organisations qui ne s’adapteront pas à cette nouvelle approche s’exposent à des difficultés croissantes dans leur quête de « talents ».
Junior Consulting est la Junior Entreprise de Sciences Po Paris. Il s’agit d’une association à vocation pédagogique qui fonctionne sur le modèle d’un cabinet de conseil étudiant. Elle doit permettre aux étudiants de Sciences Po de réinvestir leurs connaissances théoriques et leurs compétences sur des missions concrètes et professionnalisantes.