La confusion des genres
Je suis tombé par hasard sur un article publié dans le Monde et qui cite les activités diverses et variées de Xavier Beulin, que je venais de voir passer à la télévision, venir défendre avec véhémence les éleveurs, victimes des abattoirs et de l’industrie agroalimentaire, en tant que président de la FNSEA, la Fédération nationale des exploitations agricoles.
Je le prenais pour l’un des leurs, ce qui est effectivement le cas, à en croire le Monde, Xavier Beulin exploite avec son frère et deux cousins 500 hectares de cultures et une laiterie dans le Loiret, sans doute une propriété familiale.
À la tête de cette exploitation, il s’est engagé dans le syndicalisme agricole, d’abord aux Jeunes agriculteurs, avant de passer à la FNSEA, ce qui prouve qu’il avait des intérêts à défendre.
Je ne suis pas un agriculteur et ne suis lié à aucune entreprise impliquée de près ou de loin dans le traitement ou la commercialisation de produits agroalimentaires, mais un simple témoin de mon temps, ce qui m’interdit de juger sans savoir.
Par contre, je suis en droit de me demander, comment une seule et même personne puisse assumer autant de fonctions que Xavier Beulin sans s’exposer à des conflits d’intérêts graves.
En fait, avant de décider d’aller plus loin, mon attention a été attirée par l’activité de l’une des filiales de l’empire agroalimentaire Sofiprotéol, un groupement céréalier crée en 1983, par Jean-Claude Sabin et dont il a pris la suite en 2000.
Cette filiale, Farmor avait pour principale activité l’importation de poulets industriels étrangers, venant concurrencer la filière française, soutenue par la FNSEA.
C’est ainsi que j’ai lu avec stupeur dans Le Monde la liste de ses multiples casquettes, dont je vous laisse juge.
Syndicalement, Xavier Beulin préside, en plus de la FNSEA, l’Alliance européenne des oléo-protagineux, l’EOA et il est seulement vice-président du syndicat agricole européen COPA-Cogeca, tout en présidant encore d’autres instances, moins connues du grand public.
Il est siège bien entendu au Crédit Agricole et au CACI, une filiale d’investissement de celui-ci, spécialisée notamment dans l’agriculture et l’agro-alimentaire.
Il est accessoirement président du conseil économique, social et environnemental de la Région Centre et préside le conseil de surveillance du port autonome de La Rochelle.
Mais revenons à la société Avril, ex Sofiprotéo, qu’il préside depuis 2000, qui travaille dans la fabrication d’huiles végétales et l’alimentation animale, mais aussi dans la transformation et commercialisation des œufs, du porc et de la volaille. En Europe, elle est le premier producteur de biodiesel.
Sans en faire l’inventaire exhaustif, notons que cette entreprise emploi, 8 000 salariés pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 7 milliards d’euros, une charge lourde pour un dirigeant syndical.
Bien curieux tout ça !