Celle qui nous colle aux bottes de Marine de Francqueville chez Rue de l’échiquier

Rue de l’échiquier nous propose, de Marine de Franc ville, Celle qui nous colle aux bottes.

En fin de cursus aux Arts Déco, la jeune narratrice de cette histoire noue avec son père, agriculteur, un dialogue inédit autour de la terre et de l’environnement, au prétexte d’en faire son mémoire de fin d’études. Leur échange, souvent heurté mais toujours affectueux, trahit vite tout ce qui sépare et peut-être oppose les générations.

Lui, fort de son expérience personnelle, se sent tenu de défendre l’agriculture conventionnelle, même s’il en connaît les défauts : il faut bien faire manger la planète… Elle, pétrie de culture alternative et nourrie des références de l’écologie politique, s’accroche à ses convictions.

Et si leurs positions respectives provenaient en partie d’idées reçues ? Et si l’urgence était surtout d’apprendre l’un de l’autre ?

Sous couvert d’une BD, Marie de Franqueville nous entraîne dans le monde de l’agriculture, celui de son père, un choc entre la ville et la campagne, incluant des références historiques tel que l’évolution urbaine, l’évolution des prix, du blé, du pétrole, … de l’évolution avec une diminution du nombre d’agriculteurs, de l’évolution du matériel.

Dans cette histoire, l’auteure nous entraîne au sein de sa famille, c’est à la fois touchant et instructif, après lecture on ne regarde plus un agriculteur dans son champ, dans sa ferme de la même manière. Par exemple, un dialogue mouvementé entre la fille et son père au sujet du rondup, qui sans justifier l’usage de ce produit chimique nous met face à la réalité de l’agriculture.

Au-delà du fond, les illustrations sont splendides, une impression d’aquarelle mais en noir et blanc, donnant encore plus de force aux dialogues, avec quelques photos s’ingérant parfaitement dans le fond des développements.

À travers leur touchante histoire commune, manifestement autobiographique, c’est un débat d’une brûlante actualité qui s’incarne, autour des enjeux cruciaux de l’agriculture de demain.

Un ouvrage à lire, à admirer pour ses illustrations et mieux comprendre le monde des agriculteurs, plutôt que de critiquer sans comprendre.

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