Cannabis à usage thérapeutique : interview exclusive de Frédéric

Nous vous avions déjà publié une interview de Béatrice, fondatrice de l’association Cultures Verte vous interpellant sur les capacités médicales du cannabis. Membre de cette association, Frédéric a tenu à a apporter son éclairage, sa propre vision.

Jean-Claude Barousse : Frédéric, bonjour, peux-tu rapidement te présenter, qui es-tu, que fais-tu ?

Frédéric : 31ans maquilleur artistique et salarié en vente de prêt à porter, je vis actuellement en Seine et Marne (94). Je suis co-fondateur du collectif « Cultures Verte » fondé par mon amie Béatrice. Et défenseur de la cause cannabique depuis maintenant 2 ans.

Jean-Claude Barousse : Pour quelles raisons prends-tu quotidiennement du cannabis ?

Frédéric : Les raisons de ma prise quotidienne de cannabis sont, depuis quelques années, médicales, pour contrer les effets négatifs d’une maladie auto-immune et de sa prise quotidienne de médicaments.

Jean-Claude Barousse : Tu dis prendre cette plante à usage médicinal, peux-tu nous en dire plus ?
Quelles sont les réactions, à ce sujet, des médecins que tu rencontres ?

Frédéric : Je consomme effectivement le cannabis à usage médical, car depuis quelques années je suis atteint d’une maladie auto-immune appelée VIH/SIDA et donc contraint de vivre avec les effets désagréables, voire par moments invivables que procurent une maladie auto-immune sur le système immunitaire et psychologique. Et les résultats sont là, bien présents. Depuis que je consomme le cannabis, ma vie a changé et ma santé est bien meilleure.
Pour parler des réactions des médecins que je rencontre, elles sont très différentes et varient selon la personne. En France, à cause de la loi, beaucoup de médecins refusent encore d’en parler librement. Cependant il en existe de très bons qui sont près a vous aider pour faire avancer le combat.

Jean-Claude Barousse : Nous savons tous que malheureusement, les personnes porteuses du VIH doivent se prémunir à l’aide d’un traitement, à ce jour, à vie. Pourtant, celui-ci a largement été réduit, tant dans le nombre de médicaments à prendre et de son assimilation par l’organisme que dans ses effets secondaires. Peux-tu nous en dire un peu plus et en quoi le cannabis t’aide t-il ?

Frédéric : Effectivement, le nombre de médicaments a nettement diminué de nos jours comparé à avant. Plus qu’une pilule à prendre dans mon cas, à heure fixe, j’aime me dire être un «chanceux» au sein des malades. Néanmoins, les effets ont étés réduits mais pas totalement enlevés.

Le cannabis aide, le cannabis permet aux cellules du corps humain de mieux s’imprégner du traitement anti-rétroviral et de ce fait d’agir plus rapidement sur les défenses immunitaires. Mais pas que, le cannabis me permet aussi d’éviter de prendre tout un tas de pilules diverses et variées pour contrer les nausées, le manque d’appétit et les crises d’insomnie, qui sont encore parfois très nombreuses. Sur l’aspect psychologique, le cannabis m’aide à être heureux tous les jours et m’évite tout un tas de médicaments en cas d’anxiété ou même de dépression. Car comme pour toutes maladies auto-immunes, si le psychologique, le moral, ne vont pas, la maladie en profite pour gagner du terrain.

Jean-Claude Barousse : Ne crains-tu pas de devenir dépendant de cette plante qualifiée comme drogue ?

Frédéric : En toute honnêteté non. Je suis bien plus dépendant des médicaments chimiques qu’on me file pour toutes ces maladies qui viennent plus facilement quand tu es séropo.

Les antalgiques, les anti-inflammatoires, les anti-spasmodiques, sans oublier les anti-dépresseurs, les médicaments pour t’ouvrir l’appétit, qui pour certains ne fonctionnent même pas sur moi, ou pire qui me font plus de mal que de bien à long terme voila les vrais drogues.

Depuis que j’ai trouvé le Cannabis et que je consomme sa fleur pour pallier aux traitements, je ressent tellement de bien être à l’intérieur de mon corps, et dans mon esprit.

En plus de ça, ça  ne m’empêche pas d’avoir une vie convenable, un travail convenable et des relations sociales et amicales tout à fait honorables. Alors peut importe que j’en sois dépendant, je me sens parfaitement bien dans mon corps ainsi.

Jean-Claude Barousse : Ne serait-ce pas plus simple d’éviter de consommer cette plante qui fait de ses utilisateurs-trices des hors la loi et ponctionne durement le portefeuille ?

Frédéric : Certes il est vrai que d’éviter de pratiquer une chose qui est interdite, qui met ses utilisateurs comme hors la loi, qui ponctionne le porte feuille serait inévitablement la meilleure des solutions mais  n’est -ce pas le passé de l’alcool, qui lui, compte des millions de décès à son actif et pourtant son statut juridique a été revu et on ne risque plus d’aller en prison pour sa consommation.

Le cannabis lui n’a encore jamais tué personne et son statut juridique fait de ses consommateurs des criminels. Simplement pour rappel, le rapport 2017, chiffres émis par OEDT (Observatoire Européen des drogues et des toxicomanies) pour la France est estimé à 23,5 millions de consommateurs pour l’année 2016 agé-e-s entre 15 et 64ans dans ce chiffre global on détient le nombre le plus élevé d’Europe chez les jeunes consommateurs (15 et 34 ans) avec 17,1 millions pour la seule année 2016.

A en voir les chiffres le cannabis est bien là et pour certain-e-s usagé-e-s, est rentré dans leur vie au quotidien et ont une vie totalement normale. Nos correspondants européens, qui ont eux partiellement légalisé l’usage du cannabis, ont un nombre inférieur de jeunes consommateurs. Il faut absolument changer la loi sur cette plante car en regardant bien, plus l’interdiction est présente et plus le nombre de  consommateur augmente. Ceci est un enjeu de santé publique.

Jean-Claude Barousse : Enfin, qu’espères-tu trouver, atteindre au sein de ton collectif ?

Frédéric : Quand mon amie Béatrice m’a parlé de « Cultures Verte » et son idée de créer et de fonder un collectif et d’en être son co-fondateur, j’ai tout de suite dit oui pour plusieurs raisons. Tout d’abord « Cultures Verte » se veut être un collectif militant et rassembleur de personnes consommatrices ou non de cannabis.

Notre collectif est en faveur de l’auto-culture du cannabis BIO pour diverses utilisations. Nous souhaitons au sein de notre collectif, promouvoir et faire découvrir au plus grand nombre, ce qu’est le chanvre/cannabis et comment l’utiliser. Entant que co-fondateur de « Cultures Verte », je souhaite pouvoir remettre au goût du jour cette plante considérée encore par certain(e)s somme plante diabolique alors qu’en s’y penchant de plus près on remarque bien qu’elle est tout sauf diabolique.

Nous souhaitons pouvoir apporter, au plus grand nombre, nos connaissances sur le cannabis/chanvre. Simplement essayer, par nos petits moyens, de faire ouvrir les yeux aux plus réticents, sur le fait qu’il est urgent de supprimer le texte de loi de 1971 et d’effacer l’article 5 qui condamne toujours sévèrement les consommateurs-ices et détenteurs-ices de cannabis avec THC.

Nous voulons pouvoir parler encore aux noms des malades et nous battre pour qu’enfin le cannabis médical dans tout ses dérivés soit prescrit à tous ceux et celles voulant pallier leurs thérapies avec laide du cannabis thérapeutique.

Nous recherchons Béatrice et moi-même ainsi que tous nos adhérents à faire entendre encore plus, l’intérêt qu’il y aurait à se pencher sur une agriculture du cannabis mais dans une culture BIO. « Cultures Verte » se veut pouvoir débattre sur toutes les utilisations possibles à l’aide du cannabis/chanvre, pouvoir promouvoir les différents chanvriers français lors de rassemblements, remettre au goût du jour l’utilisation des fibres de chanvres et pouvoir montrer que cette plante est utilisable de la racine à la fleur sans aucune perte.

Faire entendre à plus de personnes possibles que le Cannabis redeviendra dans quelques années en France la plante dont tout le monde aura du mal à se passer.

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