Un jeu à trois
Jeudi 22 mars 2018, jour de grève nationale de la fonction publique et puis après le week-end de Pâques, les cheminots ont programmé une série de grèves de 2 jours sur 3 mois.
Les grèves de la fonction publique sont toujours des jeux à trois.
Prenons les futures grèves de la SNCF, nous retrouvons trois acteurs :
- Les cheminots qui vont se mettre en grève
- Emmanuel Macron qui veut faire des changements
- Les usagers qui sont pris en otage
Je ne veux en aucun cas remettre en cause le droit de grève, c’est souvent le seul moyen de ramener à la raison ceux qui nous gouvernent, en l’occurrence Emmanuel Macron.
Si les cheminots se baladaient simplement avec des pancartes « en grève » tout en faisant fonctionner les trains normalement, Emmanuel Macron n’aurait aucune raison d’écouteur leurs revendications.
Mais, s’ils arrêtent de faire rouler les trains, à ce moment, il n’y a plus de transports ni de voyageurs, ni de marchandises. Si le Président Macron peut faire l’autruche, la tête dans le sable (mais dans la réalité les autruches ne le font pas) en attendant que ça passe, il ne peut pas le faire très longtemps.
Emmanuel Macron était un peu jeune, lorsqu’il y eut une grève qui a duré 3 semaines fin 1995, sous la présidence de Jacques Chirac avec Alain Juppé dans le rôle du Premier ministre. Mais, in fine, le gouvernement a fait machine arrière. Et tout cela a conduit en 1997, à la dissolution de la chambre et une cohabitation avec Lionel Jospin qui fut Premier ministre PS.
En aparté, il faut qu’Emmanuel Macron face attention. En 1995, C’était le Premier ministre Juppé qui fut en première ligne, pas le président de la République. Chirac avait un fusible nommé Juppé. Mais, aujourd’hui, celui qui est première ligne c’est le président… donc un fusible qui se nomme Macron.
Aujourd’hui, 22 mars, un jour de grève, c’est la pagaille et tout va rentrer dans l’ordre demain.
Mais, après Pâques que va-t-il se passer ?
Il n’y a que 2 scénarios :
- La grève ne prend pas et rapidement une majorité de cheminots ne la suivent pas et les trains roulent normalement (ou presque) même les jours de grèves programmés.
- La grève prend, et on part sur 2 jours de grève, au moins 1 jour pour remettre le service en fonctionnement normal, 2 jours de fonctionnement normal et… on recommence.
Si nous sommes dans le scénario 1, Emmanuel Macron a gagné et sa réforme de la SNCF passe comme une lettre à La Poste.
Si nous sommes dans le scénario 2, alors c’est un bras de fer entre les cheminots et Macron avec au centre les otages (les voyageurs humains et marchandises). Et la grève n’aura pas besoin de durer 3 mois, comme programmée, au bout de quelques semaines, le président Macron sera forcé de faire machine arrière et de laisser tomber sa réforme.
Reste à savoir, pas en écoutant quelques chefs syndicalistes qui sont forcément remontés à bloc comme des coucous Suisses, la réelle motivation des cheminots. Sont-ils dans le scénario 1 ou 2 ?
C’est une partie de Poker, où Emmanuel Macron jour son avenir à l’Élysée.
S’il gagne, il en ressortira puissant et il aura les coudées franches jusqu’à la fin de son mandat.
S’il perd, il aura le choix, entre, démissionner ou dissoudre la chambre et se retrouver en cohabitation (puis attendre que sa passe).
Mais, il y a – peut-être – un 3ème scénario, que le président trouve rapidement un accord avec les cheminots pour éviter cette grève et permettre à tout le monde de sortir la tête haute de cette situation. Cela évitera une période de grèves pénible pour tout le monde à partir du mois d’avril avec une prise d’otage injuste mais nécessaire.
Une affaire à suivre, dont le dénouement est inconnu mais proche !