Sortie de l’Euro et retour au Franc : la drôle d’idée
Certains politiques prônent une sortie de l’Euros et – naturellement – un retour au Franc (pas le Franc que nous avons quitté le 1er janvier 2002 lors du passage à l’euro avec la mise en circulation des billets de banques et des pièces : la monnaie scripturale).
Il faut se rappeler que l’Euro est le successeur de l’unité de compte européenne, l’ECU qui avait été lancé en 1979 (juste pour les échanges entre les banques centrales). Puis, l’Euro est né en 1999 pour les transactions financières au niveau européen
Parmi les politiques qui ont dans leurs programmes la sortie de l’euros, nous avons – principalement – Marine Le Pen (FN) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), je pense qu’ils font fausse route.
Bien entendu pour eux, il ne s’agirait pas d’un retour au Franc en reprenant les vieux billets, mais d’un nouveau-nouveau-Franc. (J’écris nouveau-nouveau en mémoire du nouveau Franc de 1958).
Dans la réalité est-ce que les gens veulent réellement cela ?
Je ne le crois pas. Même les Grecs au pire moment, lorsque leur sortie de l’Euro était véritablement évoquée, n’en avaient pas envie. Sinon, la Grèce serait sortie de l’Euro.
On nous dit rappelle que le passage à l’Euro ne s’est pas fait sans souffrance (augmentation des prix, difficulté à retrouver ses marques dans une nouvelle monnaie,…).
Quitter, aujourd’hui l’euro, ne serait pas un retour à une monnaie nationale, mais le lancement d’une nouvelle monnaie qui se ferait dans la même souffrance que le passage à l’Euro. Et peut-être même en pire, avec une monnaie assise sur un seul pays.
Par ailleurs, nous sommes passés à l’Euro, il y a 13 ans. Aujourd’hui, nombre d’habitants de la zone euro, n’ont connu que cette monnaie.
On peut considérer que l’on prend l’habitude d’une monnaie à l’âge de 15 ans ou 20 ans. Lorsque je dis l’habitude d’une monnaie, je veux dire faire autre chose que d’acheter quelques futilités, mais faire face à des dépenses récurrentes, voire obligatoires.
Ce qui signifie que tous ceux qui ont moins de 30 ans (en gros 15 ou 20 plus 13) n’ont connu que l’euro et rien d’autre.
C’est certainement le souvenir des difficultés du passage à l’euro pour certains et de la connaissance uniquement de l’euro pour d’autres qui à fait que les Grecs n’ont jamais véritablement voulu quitter la monnaie européenne. D’ailleurs, leurs politiques de droite comme de gauche le savaient bien et tout a été fait pour rester dans l’Euro.
Que la France soit une province de l’Europe, comme les autres membres de l’Union européenne ne vient pas de la monnaie unique mais de l’évolution des choses.
Est-ce un problème ?
Certainement pas. En France, nous avons de nombreuses régions (même si techniquement elles sont regroupées). Et le fait d’être toutes regroupées sous une seule monnaie (par le passé le Franc et aujourd’hui l’Euro), avec une politique centralisée à Paris, n’enlève pas aux régions leurs particularités et même leur langue. La Normandie, la Bretagne, la Champagne, la Bourgogne, la Vendée, la Creuse, la Corse,… (pardonnez-moi de ne pas toutes les citer) ne sont pas remises en cause et conservent leur intégrité.
Il est en est de même de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Italie,… au niveau de l’Europe.
En aparté : il y a toujours eu une relation spécifique entre l’Allemagne et la France, en parlant souvent du couple franco-allemand. Pour une simple raison, si on a quelques connaissances historiques (il est important de connaître le passé pour comprendre le présent). Le point de départ de l’Europe a été fixé par le chancelier Konrad Adenauer et le Président Charles de Gaulles. C’était, de fait, le premier couple franco/allemand et ça n’a pas dû être simple au sortir de la guerre avec les rancunes qui devaient, forcément, exister encore. Je ne crois pas que le Général de Gaulle aurait apprécié de se faire traiter de vice-chancelier.
Oui, concrètement nous sommes des provinces d’Europe. Et alors, est-ce que cela nous retire nos spécificités. Certainement pas. Nous conservons, chacun, nos coutumes, nos langues, nos habitudes (vestimentaires, alimentaires, culturelles,…)
L’idée d’une langue unique, tel que l’avait imaginé aux XIXème siècle Ludwik Lejzer Zamenhof avec la construction de l’Espéranto reste une simple utopie.
Concernant l’euro, ce n’est pas sortir de cette monnaie qui résoudra nos problèmes, ni rabâcher ce que l’abandon du France nous a coûté fort cher (c’est le passé et on ne réécrira pas).
Pour être positif, il faudrait remettre à plat les possibilités de chaque membre. Notamment, de laisser tomber le dogme des 3 % de déficit, qui a été imaginé à une époque où nous n’étions pas en situation de crise économique.
Mais sortir de l’Euro pour lancer une nouvelle monnaie, n’est même pas une fausse bonne idée, c’est une mauvaise idée.