Sommes-nous vraiment tous des intrapreneurs ?

La société actuelle rencontre des bouleversements majeurs dans le monde professionnel. Les termes pour décrire les formes de management se multiplient et traduisent l’évolution des aspirations, tant du côté employeur que collaborateur. On sait d’ores et déjà que les toutes nouvelles générations n’auront pas les mêmes attentes et que les entreprises devront y répondre d’une façon ou d’une autre. Dans une étude de 2016 (Steelcase Global Report), il était pointé que seulement 5% des salariés français se disent satisfaits et impliqués dans leur entreprise.

Dans ce climat mouvant, que cherche un employeur ?

Des compétences et du talent, oui. Un savoir-être professionnel, oui. De l’expérience et de l’expertise, oui. Mais surtout, l’entreprise a, plus que jamais, besoin de profils attirés par la création de valeur. Parmi les défis qu’elle a à relever, l’innovation est au cœur. Au sein des grandes structures, celle-ci est souvent rendue difficile par des process de décision longs et complexes. Au sein de structures de taille moyenne, le quotidien et le manque de moyens peuvent prendre le pas et repousser l’innovation au lendemain.

Et que cherche chaque individu ?

Au-delà des besoins primaires physiologiques et de sécurité, les aspirations individuelles dans le climat global sont relativement universelles. Aimer et être aimé, être reconnu, vivre des émotions et, aussi se réaliser, s’épanouir. La sphère entre privé et professionnel ayant tendance à s’amincir, on peut imaginer ces besoins perméables et pouvant passer de l’une à l’autre. Alors que le management traditionnel se voulait persuasif et directif, comment faire pour que les besoins de l’entreprise d’aujourd’hui rencontrent les aspirations individuelles ?

L’intrapreneuriat

La notion d’ « intrapreneurship » a été définie en 1976 par Ginford Pinchot. Sous ce néologisme, l’idée était de que « l’intrapreneuriat soit censé permettre à la grande entreprise de mieux saisir les opportunités que son inertie naturelle laisserait passer sinon ». L’idée de départ est de souligner que certains managers autonomes dans leur poste et leur périmètre, peuvent adopter une attitude d’entrepreneur au sein même d’une structure qu’il n’avait pas fondé. Par « attitude d’entrepreneur » on entend : Volonté de création. Cela implique donc de ne pas suivre les process actuels en place dans l’entreprise, d’aller au-délà, de repenser l’existant et d’être déjà dans le « demain ».

Plus largement, l’intrapreneuriat est la capacité donnée à un collaborateur (ou prise par celui-ci) au sein d’une entreprise d’adopter le comportement d’un entrepreneur. Ainsi, selon Thierry Picq, « l’intrapreneuriat désigne une capacité collective et organisationnelle pour encourager et accompagner la prise d’initiatives, à tous niveaux dans une entreprise. » (Cité par Gilles TENEAU, article Portail PME). Cette notion rejoint l’idée « d’innovation participative ». Cette approche peut être instituée au sein de l’entreprise sous forme de cadre spécifique, de budget et par la création de structure propre en interne, sorte de « laboratoire interne ».

Néanmoins, cette démarche peut et doit aujourd’hui aussi être davantage intrinsèque au fonctionnement de l’entreprise. Cela relève alors davantage de la culture d’entreprise partagée par la mise en œuvre au quotidien d’un terrain favorable à l’initiative.

Les avantages de l’approche « intraprenante »

Il s’agit donc au sein d’une structure établie de permettre aux collaborateurs d’adopter certaines caractéristiques et qualité d’un entrepreneur :

L’entreprise, quelle que soit sa taille :

Les collaborateurs, quel que soit leur poste :

Demain, tous intrapreneurs ?

Pour la mise en place de cette approche, il y a un point essentiel : Faire confiance à ses équipes. Faire confiance implique de tolérer l’erreur. En effet, c’est indispensable pour donner envie de prendre des risques et que le collaborateur se sente soutenu. D’autres éléments sont utiles pour qu’une société intègre l’intrepreneuriat dans sa culture d’entreprise.

Il s’agit d’une dynamique permanente qui nécessite de :

L’entreprise d’aujourd’hui et de demain doit sincèrement faire confiance à ses équipes et ses collaborateurs et leur donner la possibilité de proposer leurs idées. C’est à cette condition qu’elle pourra fidéliser ses équipes et remettre l’individu au cœur de la création de valeur. Dans un monde globalisé et où la production se fait en masse, n’est-ce pas plaisant et rassurant de savoir que sa touche personnelle est valorisée par l’entreprise pour laquelle on travaille ?

Lucas LEONARDI
Directeur Général de Up’n BIZ

44 ans, titulaire d’un Master in International Business de Grenoble École de Management, est nommé Directeur Général de Up’n BIZ, Groupe Français de 35 salariés, proposant une boîte à outils sur-mesure pour les entrepreneurs. Depuis 20 ans dans le monde des logiciels et des services, Lucas LEONARDI a débuté sa carrière en Californie au sein de Hewlett-Packard comme Chef de Produit.De retour en France en 2003, il fonde sa propre société, Dmailer, spécialisée dans les logiciels de synchronisation sur périphériques mobiles qu’il dirige jusqu’en 2010. Après un passage de 4 ans en Suisse puis à Londres, il rejoint en 2014 PSA Peugeot Citroën, en qualité de Directeur Marketing des Services Connectés du Groupe.

Sources :

Octavie Baculard, Amandine Barthélémy, Elisa Lewis et Romain Slitine : Intrapreneuriat social, la nouvelle frontière de l’innovation sociale pour l’entreprise, 2013, Editions Odyssem VolonteerGilles TENEAU, article Portail PME, http://portail-des-pme.fr/formaliser-son-projet/le-concept-dintrapreneuriatSteelcase Global Report, https://cdn2.hubspot.net/hubfs/1822507/2016-WPR/EN/2017-WPR-PDF-360FullReport-EN_.pdf 

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