Un président ne devrait pas dire ça de Gérard Davet et Fabrice Lhomme chez Stock
Stock a publié, de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, écrit par deux journalistes à partir de confidences de François Hollande durant 5 ans.
Le président de la République, François Hollande, a reçu régulièrement Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour parler de tout et de rien, pour se confier, pour se lâcher.
Une fois toutes les notes prises, au fils des années, et l’ouvrage rédigé, les 2 journalistes n’ont pas permis à François Hollande de jeter un œil à ce qui allait être publié. Gérard Davet et Fabrice Lhomme avait prévenu François Hollande leur manière de travailler.
En fin de compte, même si le président savait ce qu’il avait raconté au fil du temps, il a découvert le contenu du livre, comme tous les autres lecteurs, au moment de la publication. Car en 5 ans, il a dû en raconter des choses et il fallait que Gérard Davet et Fabrice Lhomme fassent le tri, sélectionne pour raconter une histoire que l’on ait envie de lire.
Sur le plan de la forme, ce patchwork de développements écrits par les 2 auteurs et de citations du président est agréable à lire, c’est sans nul doute le livre du moment qu’il faut avoir lu (si ça vous tente, cliquez ICI pour vous le procurer).
Mais, ce qui me pose problème est que ce ne sont pas les confidences d’un ancien président de la République, mais d’un président en exercice. Et je pense que les auteurs le savent, d’où ce titre « Un président ne devrait pas dire ça ».
Effectivement, François Hollande tire tous azimuts, tout le monde y passe. Ça donne l’impression à la fois d’un règlement de compte, mais également du patient qui dit ce qu’il a le cœur à son psychanalyste, pour se sentir mieux. Comme on pourrait le dire, « François Hollande vide son sac ».
Je ne mettrais en aucun doute l’intégrité la réalité des citations, d’ailleurs je crois que les 2 journalistes ont tout enregistré. Ce qui m’ennuie, dans ce type d’ouvrage, est que les citations sont forcément extraites de longues conversations, ce sont des phrases plaquées hors de leur contexte.
Et sorti de leur contexte, ou plutôt remise dans un contexte recréer par les auteurs, il est possible d’orienter le lecteur. Par ailleurs, rien ne prouve que 2 citations qui se suivent dans un même passage du livre, aient bien été dites au même moment. Qu’il n’y a pas des mois, voire des années d’écart entre les 2 citations.
Les citations sont exactes, rien à dire sur le sujet, François Hollande a bien prononcé toutes ces phrases qui composent – en grande partie –le contenu de ce livre. Mais sortie de leur contexte, de ce qu’a fait l’interviewé juste avant, ce que va dire François Hollande à ces 2 journalistes n’a pas la même signification.
Je comprends que Gérard Davet et Fabrice Lhomme n’aient pas voulu que François Hollande mette son nez dans leur manuscrit. Avec le recul, il aurait rayé des passages, réécrit d’autres, au risque de changer le sens de leur ouvrage. Dans ces conditions d’impossibilité de relire, en tant que président en exercice, j’aurai interdit la publication avant la fin de mon mandat.
Maintenant, on peut imaginer un autre scénario, et considérer « Un président ne devrait pas dire ça » comme un testament politique. François Hollande est trop intelligent pour dire n’importe quoi à des journalistes qui vont utiliser ses dires pour en faire un livre. Peut-être que « Un président ne devrait pas dire ça » signifie que François Hollande ne briguera pas un second mandat et se retira de la vie politique l’année prochaine.
En politique tout est possible, et une chose est certaine, c’est que se livre ne laisse pas indifférent.
J’aurai préféré que « Un président ne devrait pas dire ça » ne soit par écrit pas 2 journalistes à partir de nombreuses conservations, mais directement par François Hollande lui-même. Qu’il prenne la plume pour écrire « Un président ne devrait pas dire ça », Je ne sais s’il aurait osé aller aussi loin dans ses propos.
C’est ouvrage qu’il faut avoir lu avant la prochaine élection présidentielle, je ne crois pas que François Hollande soit unique dans cette manière de juger le monde et les gens qui les entoure, ça donne une idée de ce que pensent nos politiques.