Pogrom de Steven J. Zipperstein chez Flammarion

Flammarion nous propose, de Steven J. Zipperstein, Pogrom (Kichinev ou comment l’Histoire a basculé)

Steven J. Zipperstein est professeur de culture et d’histoire juives à l’université de Stanford. Il est notamment l’auteur de The Jews of Odessa : A Cultural History (1986) ; Elusive Prophet : Ahad Ha’am and the Origins of Zionism (1993) ; Imagining Russian Jewry (1999) et Rosenfeld’s Lives : Fame, Oblivion, and the Furies of Writing (2008).

En avril 1903, la ville de Kichinev (aujourd’hui Chișinău, en Moldavie) fut le théâtre d’un pogrom d’une violence inouïe, marquant un tournant majeur dans l’histoire juive du XXᵉ siècle.

Durant trois jours, 49 Juifs furent tués, 600 autres blessés ou violés, et plus de 1 000 maisons et commerces juifs furent saccagés et détruits. Ces atrocités, largement relayées par la presse internationale de l’époque, ont rapidement fait de Kichinev le symbole des persécutions antisémites dans l’Empire russe. ​Comme jamais auparavant dans l’Histoire, ce crime antisémite déclenche une émotion mondiale. Jusqu’à la Shoah, ce pogrom est resté le symbole des persécutions antijuives.

Steven J. Zipperstein s’appuie sur des sources inédites provenant de Russie, d’Israël et d’Europe pour offrir une analyse approfondie de ce pogrom. Il déconstruit les mythes entourant cet événement, notamment l’idée que les Juifs de Kichinev n’auraient pas opposé de résistance. Au contraire, des témoignages révèlent que certains membres de la communauté ont tenté de se défendre face aux assaillants. ​

Steven Zipperstein explique ici comment cet événement a joué un rôle important dans l’histoire des Juifs au XXᵉ siècle, entre socialisme et sionisme. A contrario, il montre que le pogrom de 1903 a provoqué la même année la première publication des Protocoles des Sages de Sion et influé grandement sur la propagande antisémite. Effectivement, l’auteur met également en lumière le rôle de la presse antisémite locale, en particulier le journal “Bessarabets”, dirigé par Pavel Krushevan, qui a attisé les tensions en diffusant des rumeurs infondées accusant les Juifs de meurtres rituels. Ces accusations ont servi de prétexte aux violences qui ont suivi. ​

Les répercussions du pogrom de Kichinev ont été profondes et durables. Il a suscité une vague d’indignation internationale et renforcé le sentiment d’urgence au sein des mouvements sionistes, tout en accélérant l’émigration juive vers l’Amérique du Nord et la Palestine. Cet événement a également inspiré des œuvres littéraires majeures, comme le poème “Dans la ville du massacre” de Haïm Nahman Bialik, qui dépeint la tragédie avec une intensité poignante. ​

En somme, « Pogrom » offre une perspective éclairante sur un épisode sombre de l’histoire, dont les échos résonnent encore aujourd’hui.​

Essai historique autant que livre d’histoire, cet ouvrage prend une importance singulière dans l’actualité européenne et proche-orientale.

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