Prenons, un exemple sans remonter à la nuit des temps. En 1983, Achille Peretti, le Maire de Neuilly-sur-Seine est foudroyé par une crise cardiaque. Des élections sont organisées et normalement, Charles Pasqua, qui a une cinquantaine d’années, aurait dû être élu.
Mais, un jeune, Nicolas Sarkozy (moins de 30 ans), en charge de la campagne de Charles Pasqua, le prend de court et se présente. Charles Pasqua a quelques ennuis de santé et renonce à se présenter.
Nicolas Sarkozy a su se faire une place et passer devant un homme plus âgé que lui (l’un est né en 1955 et l’autre en 1927). Si la vie professionnelle en entreprise n’est pas peuplée de « bisounours », la vie politique est encore pire. Il faut que les jeunes bousculent les plus vieux et passent devant.
Ce n’est pas si simple, car en politique, il faut un réseau et les « vieux » ont un réseau plus étoffé et plus puissant que les « jeunes ». Et ces derniers ont du mal à passer, ils sont contrés. Dans le cas de Sarkozy, pas de doute c’est un battant, mais à Neuilly, il a eu une double chance : le décès brutal de Peretti et les problèmes de santé du candidat naturel, Pasqua.
Mais, je crois qu’il y a autre chose, entre les plus jeunes et les plus âgés, la vision du monde n’est plus la même.
Par le passé le monde évoluait lentement, il fallait du temps pour la moindre évolution technologique. En l’espace de 20 ans, avec la généralisation d’internet, de la communication électronique, tout a été bouleversé et tout va de plus en vite.
Peu importe si c’est bien ou pas, ces évolutions rapides font partie de notre monde… un point c’est tout.
Et, il est surprenant de voire avec quelle aisance les plus jeunes ont intégré toutes ces technologies dans leur vie de tous les jours. Même si les plus âgés se sont mis aux nouvelles technologies, ils les utilisent plus ou moins bien, mais ils ne les ont pas intégrés.
Et ces technologies touchent l’ensemble de nos modes de vie. Ce n’est pas seulement d’envoyer des SMS ou de regarder une vidéo sur un écran de smartphone.
Se sont de nouveaux modes de consommation (troc, prêt,… entre particuliers). Qui font que tout change et que nous devons avoir des politiques qui comprennent et vivent ces changements. Mais pas au travers de fiches que leurs conseillers leur préparent. En tant qu’utilisateur réel, que partie prenante de tout cela.
Si on regarde nos politiques au gouvernement (mais hors du gouvernement c’est exactement la même chose), Najat Valaud-Belkacem ou Emmanuel Macron, qui l’un et l’autre 37 ans et Michel Sapin qui a 63 ans. La manière d’être, de parler, de se comporter des 2 premiers est très différent de Michel Sapin.
Aujourd’hui, avec l’âge les gens restent dynamiques et énergiques très longtemps, mais ce n’est pas suffisant.
Alors, la limite d’âge de 70 ans que certains proposent, semble raisonnable.
Si l’on regarde, aux États-Unis, Hillary Clinton qui a 67 ans ou en France Alain Juppé qui a 69 ans. Ils sont l’un et l’autre moderne, dynamique, dans le coup, mais pas tant que cela.
Ils ne sont pas comme les jeunes, à avoir en permanence à la main leur smartphone. Oui, ils liront un SMS, ils en enverront mais pas avec la même aisance.
Ils ne sont pas utilisateurs du monde d’aujourd’hui, alors comment pourraient-ils penser le monde de demain ?
Ils se tiennent informés de toutes ces évolutions, mais ils n’en font pas partie.
Par ailleurs, il y a autre chose, c’est l’espérance de vie. Même si les hommes politiques arrivent à faire des prévisions à long terme, il y a forcément un décalage s’ils estiment qu’ils pourraient les voir où pas.
Si Emmanuel Macron imagine le monde dans 30 ou 40 ans et bâtit un projet politique en ce sens, il se dit qu’il verra – probablement – le résultat, il aura autour de 70 ans. Mais, si Alain Juppé fait la même projection, il ne pourra pas se mettre dans le même état d’esprit.
Enfin, je crois qu’il faut avoir des femmes et des hommes politiques jeunes, pas seulement pour leur laisser la place mais pour que les jeunes puissent s’y reconnaître.
L’avenir de notre monde appartient aux jeunes générations.