On ne peut pas lutter contre l’évolution
Le monde est en perpétuelle évolution et, ces dernières années, l’arrivée des nouvelles technologies et leur adoption rapide par le grand public a accéléré les possibles évolutions.
Depuis des mois, et plus particulièrement depuis le début de la semaine, les chauffeurs de taxi manifestent violemment contre les VTC, les voitures avec chauffeurs.
Les voitures avec chauffeurs existent depuis très longtemps, mais elles étaient réservées à une clientèle privilégiée. C’était un moyen de déplacement très cher et qu’il fallait réservée à l’avance.
Les nouvelles technologies, en l’occurrence les smartphones équipés de puces GPS, ont permis de voir émerger une nouvelle génération de Voitures avec chauffeur, beaucoup moins coûteuses et très simples à appeler.
Plusieurs sociétés se sont installées sur le créneau permettant la création de réseaux de VTC.
Concrètement le client installe une application sur son smartphone. Lorsqu’il a besoin d’un VTC, il lance l’application qui le géolocalise et qui géolocalise les voitures libres autour de lui. Le client précise où il doit se rendre, un montant forfaitaire est calculé, il le paye et la voiture la plus proche vient le prendre là où il a été géolocalisé.
Sans ces nouvelles technologies, cela était impossible.
Comment un pays peut-il interdire ce progrès. Là où il fallait une intervention, c’était pour une application sur smartphone permettant à des gens d’arrondir leurs fins de mois en jouant au VTC, en fin de journée, après leur travail. Cette approche du VTC est interdite, en France et dans de nombreux pays.
Concernant ceux qui font leur métier de chauffeur, ils provoquent une énorme concurrence contre les taxis.
Mais, ce n’est pas la seule, dans une ville comme Paris, il y a également les Autolib, c’est petites voitures électriques en libre-service. Mais également, les Velib, les vélos en libre-service, qui sont pratiques (du moins lorsqu’il ne pleut pas et sans bagages à transporter).
Ces moyens de transport, ne sont pas mis en place pour concurrencer les taxis, mais pour combler un manque. Dans une ville comme Paris, il n’y a jamais eu assez de taxis. Qui n’a pas connu de stations de taxis vides, des queues interminables aux stations, ou bien d’attendre au bord d’un trottoir qu’un hypothétique taxi passe à qui l’on pourra faire signe.
La nature a horreur du vide, c’est ce qui a permis l’émergence de choses nouvelles.
Dans ces conditions, pourquoi, avant l’arrivée des VTC, l’Etat n’a-t-il pas émis davantage de licences pour combler le manque de taxis ? Qui était une réelle attente des usagers.
Tout simplement parce que les chauffeurs de taxi ne le voulaient pas !
Il y aurait eu plus de taxis qui auraient servi plus de clients, mais globalement, avec peut-être un chiffre d’affaires en baisse.
Mais surtout, il y a le prix de revente des licences.
Lorsque l’administration émet une licence, elle est gratuite.
Par contre, le chauffeur de taxi qui prend sa retraite va vendre sa licence à quelqu’un qui veut être chauffeur de taxi et la rareté a fait monter les cours (virtuels et sans aucun contrôle de l’administration) des licences revendues. Avec des records, en région parisienne de l’ordre de 300 000 euros.
Tant que le système était stable, sans l’arrivée de nouveaux opérateurs, en l’occurrence les VTC, le chauffeur qui entrait dans le métier et qui dépensait X euros pour racheter une licence, savait qu’il la revendrait plus cher au moment de son départ à la retraite. Une sorte de retraite par capitalisation.
Mais, le monde a changé et l’arrivée des nouveaux moyens de déplacements fait fondre la valeur des licences.
Ce gouvernement, ou un autre, pourrait-il interdire les VTC, vélib, autolib ou tout autre moyen de déplacements. Certainement pas, il n’est pas possible d’aller contre l’évolution.
L’Etat doit-il indemniser les chauffeurs pour leurs licences payaient fort cher à d’autres chauffeurs, mais qui dans la réalité ne valent rien, c’est de la pure spéculation ? C’est un problème plus financier que politique. Et qu’en pense le contribuable ? Car, in fine, c’est lui qui paiera, s’il y avait une indemnisation.
Le risque, pour les taxis, en ce moment, est que les usagers, par nécessité, utilisent d’autres alternatives (VTC, velib ou autolib) et y prennent goût. Les habitudes peuvent rapidement changer.
Je suis persuadé que dans quelques années, nous allons nous retrouver dans une situation similaire à une ville comme New-York, où il y a des taxis que l’on paye selon le montant indiqué sur le compteur et les voitures avec chauffeurs que l’on paye au forfait selon la destination. Le tout avec des licences émises par l’administration, mais qui n’ont aucune valeur spéculative. Le nombre de licences émises étant le nombre de licences nécessaires pour satisfaire la demande des clients et des chauffeurs.