Morts

Ils se meurent. À être trop désertés, ils s’en vont vers un non autre ailleurs.

Hier, ils étaient encore la légende, l’usage et la coutume d’un pays de travailleurs, de paysans, de festifs et de glandeurs.

Désormais, ils ne sont plus que le reflet d’un passé déchiré.

Ho, bien entendu, l’on ne va pas désespérer de ces épaves du matin au soir qui vous haranguaient fiers de ce qu’ils ont été ou croyaient avoir été.

Maintenant, ils sont hiver.

Mais, leur disparition est encore plus forte plus vivante dans nos campagnes où ils étaient comme une forme de résistance au plaisir égoïste de l’individualité.

Mais à quoi bon rester ouvert lorsque son quartier, son bourg son village se désertifie happé par les besoins de la grande ville fière de ses zones industrielles même pas capable de les accepter en leur sein.

Qui sont-ils ces fiers à bras, soutien parfois d’une jeunesse en échouage, tenue d’assemblée plus ou moins formelle, démocrate ou populisme libéré, mais qui étaient fiers d’être.

Ho, c’est entendu, dans ces très grande villes les bons bobos ont cru pouvoir les remplacer par ce qu’ils voulaient être temple de la bonne bouffe se transformant en tu prends, tu payes et libères vite fait la place tant elle est chère à rentabiliser.

Vous l’avez reconnu, je veux parler du café, bar ou bistrot du coin qui, comme une chance d’être pupille de la nation, pouvait être également tabac.

De ces coins de comptoir où le monde se refaisait sans avoir à lire le quotidien éponyme, où les nouvelles, les cancans, les ragots, les humeurs, les inquiétudes et joie de chacun se dissipaient plus ou moins dans un rapprochement incertain mais habituel.

Désormais, le petit noir se prend direct à la machine à doses d’un quotidien bien trop pressé pour attendre le zèle d’un serveur qui parfois ne l’était pas vraiment.

Mais, il vous reste la possibilité de joindre votre croissant à la boulangerie d’en face encore ouverte et tant pis pour la tartine beurrée…

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