Le rire du clown

Elle est devant le miroir de son boudoir, prête pour l’interview du journal. Demain matin tout le

monde va connaître sa vie, celle d’un clown à New york. Peut-être que ses parents vont mourir de

honte.

Enfant unique d’un couple de juristes… Un clown ! Pour eux c’est le plus mauvais cauchemar. Son

existence est comme une pustule dans leur vie. Pour sa mère, Sophie était la cause de son trouble du

sommeil depuis sa naissance, comme un vertige qui donne la paresse à l’envie de vivre.

Sophie s’en fout de tout, après tout la vie n’est qu’une illusion. Elle a une attitude anaphylactique

pour ses parents. Elle s’en fiche de leur société et de leurs formalités. Elle sait que sa présence

régénère leur perdition et se régale de ça. Elle s’abreuve du feu de leur colère comme l’eau d’un

calice, pure et sincère.

Brusquement ses regards sont tombés sur le portrait de Peter, son homme avec une âme plus grande

que l’univers. Elle l’avait rencontré dans la neige de janvier. Tous les soirs, quand le soleil se

couchait avec ses rayons mélancoliques sur les ailes des derniers oiseaux, lui, il jouait du luth au

bord de la rivière, ses yeux fixés vers l’horizon. Est ce qu’il vaticinait sans fin ? Boulanger par

métier il était un bénévole de l’humanité, un fusil contre l’hypocrisie. Il aidait les hommes à rire, à

oublier les galères de la vie.

A la veille de son dernier jour, il avait donné à Sophie, « la clé de la gaieté ». Aujourd’hui malgré

tout elle est heureuse. Elle va parler courageusement de sa vie de clown dans le journal…

Il faut rire, rire… Après tout la vie n’est qu’un grand cirque… Il faut rire…

Deux gouttes de larme tombent de ses yeux comme des paraboles qui vont la connecter avec Peter

qui est maintenant au delà de la vie.

Et quand le journaliste arrive pour l’interview, elle rit tellement qu’il ne peut pas enregistrer quoi que

ce soit. Il sort de chez elle en pensant qu’après tout il faut bien rire…

Sahana Chakravarti Bar

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