Le monde est à moi

Avant d’ouvrir ce journal. J’ai pris mon petit déjeuner. Je n’aime pas lire en mangeant. Je me dois de faire honneur à mes tartines en ne les partageant pas avec d’autres invités. Si prestigieux soient-ils. Bref ! Je garde du café dans un bol que j’ai choisi profond et large, afin que ces coquines longuettes de pain ne m’en aspirent la totalité. Je puis alors (Je puise alors… Aussi…) me saisir de ce quotidien gothique (avec lequel j’entretiens une véritable passion fétichiste) et déjà, m’en repaître au toucher. Je me suis déjà délecté, à l’achat, (pour commencer à rentabiliser mes 1 euro 40), du Plantureux dessin qui orne la page. Chaque fois, le commerçant innocent m’observe d’un œil circonspect. Va t’il s’esclaffer comme la dernière fois ? Sourire ? Renverser le présentoir ? Oublier de payer ?

A l’instant où le reste du café m’attend gentiment, j’ai une idée globale de ce que j’ai repéré sur le premier feuillet. Il y a des choses qui m’intéressent déjà. D’autres, peut-être et certaines, moins : « Université d’été pour les « jeunes » giscardiens… L’accent est mis sur le renouveau…

»

J’attrape donc la composition journalistique. Mes doigts frémissent. (Mes   pouces       sont  dans  les           marges.Les    autres       doigts     servent         de présentoir   et   desupport.)  D’un        geste  sec,  j’écarte   les     bordspour annoncer mon arrivée en lecture. Cette suite de feuilles, quasiment un livre journalier… A besoin d’être séduite. Alors, avant d’en profiter, je salue… Je croise les jambes et commence alors un lent décorticage des mots, transformés en plaisir. Évidemment j’en oublie mon café. Peu importe, je l’aime aussi froid. Je ris une nouvelle fois au dessin de Plantu. J’en suis à au moins 80 cents. J’embrasse la page entière— (Du regard rassurez-vous. Mon fétichisme est un peu bridé) —et j’ai une idée du contenu et des délices quim’attendent.

En général cela se passe le dimanche matin. Je m’octroie une matinée de glandage infinie. Le temps m’appartient. Mon portable est en mode silencieux et n’importe quoi du grand Jean-Sébastien suffit à valider l’enclavedominicale.

Après les deux premières pages ! Je fais une pause. Un peu de café et je m’étire, c’est mon sport quotidien. Pour éviter le claquage,  je survole un peu et me rabats sur les jeux in olympiques de Jackie Berroyer ou la version psycho sportive de ClaireCarrier.

Je me demande déjà combien il fait à Bombay, Hong Kong et Caracas. La France ? Je sais que la culture arrive à grands pas : « VISA pour l’image : H.C. Bresson», « Rock en Seine », Les sœurs Labéque sont magnifiques ….

Souvent, je découpe quelques images. Elles sont punaisées sur le mur qui me fait face. A quoi correspondent-elles ? Je ne sais plus. Elles me rappellent la somme de toutes mes lectures.

A cet instant, je ne sais pas ce que me réserve la dernière page.

Je tremble toujours à l’idée d’une publicité qui l’occuperait complètement. C’est mon dessert alors laissez moi petit  déjeuner en paix ! Heureusement il me reste un fond de café froid… J’ai déjà tout oublié. Mais, une partie de mon subconscient est actionnairedu

« Monde ». Je me repais déjà du prochain. Peut-être pour les livres…

Quitter la version mobile