Le fond et la forme

Je crois que l’on peut tout dire, mais pas n’importe comment.

Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a prononcé une phrase qui a du mal à passer « Il y en a certains au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils peuvent avoir des postes là-bas. Parce qu’il y en a qui ont les qualifications pour le faire. »

« Foutre le bordel », par le passé, nous n’aurions pas imaginé le président de la République utiliser une telle expression.

Mais, après tout, le Général de Gaulle, en mai 1968, a dit « La réforme, oui ! La chienlit, non ! », autre temps autre expression. Il aurait peut-être dit aujourd’hui « La réforme oui ! Foutre le bordel non ! ».

Seulement, il y a plusieurs différences, c’était le Général de Gaulle, un militaire. Donc un vocabulaire parfois rugueux ne choque pas. Emmanuel Macron n’a même pas fait son service militaire.

Et surtout, le 19 mai 1968, le Général de Gaulle n’a pas prononcé « La réforme, oui ! La chienlit, non ! » en public, mais en privé. Et c’est Georges Gorse (Ministre de l’information) qui l’a répété à la presse.

Sans chercher trop loin dans le passé, un autre président a dérapé en public, c’était Nicolas Sarkozy au salon de l’agriculture, lorsque quelqu’un a refusé de lui serrer la main, il a dit « casse toi pauv’con ». Mais c’était Sarkozy, on s’attendait cela, c’était spontané sans arrière-pensée.

Avec Emmanuel Macron, si sur le fond « Foutre le bordel » n’a pas une grande portée, sur la forme, c’est plus problème. Il donne toujours l’impression d’un côté hautain, presque méprisant, même s’il ne l’est probablement pas sur le fond.

D’un côté nous avons Sarkozy avec juste un rictus moqueur rythmant le « Casse toi pauve’con » et d’un autre ce regard hautain avec un sourire carnassier de Macron lorsqu’il dit « Foutre le bordel ».

Peu importe ce que l’on dit, tout est dans la forme.

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