La mixité sociale dans l’école publique est un leurre

Selon l’usage, les élèves du primaire et des collèges de l’école publique fréquentent les écoles de leur quartier pour éviter de longs trajets, tout en permettant à l’administration de prévoir l’évolution des besoins locaux. Ainsi, la mixité sociale dans l’école ne peut être que le reflet de la mixité sociale de chaque quartier.

La situation est toute autre dans l’enseignement privé, où ce sont les parents qui choisissent l’établissement scolaire de leurs enfants en tenant compte de leurs propres critères, y compris le transport quotidien qui leur incombe. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de cela, surtout pour les jeunes enfants.

Le ministre de l’Éducation nationale s’est heurté à cette réalité, comme en témoigne le plan qu’il a finalement dévoilé le 11 mai après des mois de report. Par SMS envoyés à la presse, il a annoncé que des objectifs pour 2027 avaient été fixés aux recteurs, concernant uniquement le secteur public. L’accord qu’il espérait avec le secteur privé n’a pas atteint les objectifs souhaités, ce qui a conduit à la dissociation de leur présentation par rapport à celle qui concerne le secteur public, en attendant la signature du protocole avec le privé, qui n’est pas encore réalisée.

Le ministre de l’Éducation nationale a proposé aux recteurs et aux directeurs académiques des services de l’éducation nationale une “boîte à outils” à mobiliser afin d’améliorer la mixité sociale dans chaque académie, notamment dans les collèges, où les écarts sont les plus marqués. Il souligne qu’il n’y a pas de modèle “clé en main” applicable à chaque territoire, et il revient à chaque académie de mener ses concertations pour répondre à l’objectif de réduire les différences de recrutement social entre établissements de 20 % d’ici 2027.

À cet effet, les recteurs sont invités à créer, avant l’été, une instance de dialogue, de concertation et de pilotage de la mixité sociale et scolaire afin de préparer des actions favorisant la progression de la mixité. Reste à savoir quels moyens d’action ils auront à leur disposition.

Aucune mesure précise n’a été détaillée, mais parmi les instruments évoqués depuis plusieurs mois, l’enrichissement de l’offre pédagogique par l’implantation de filières dites “d’excellence” dans des établissements défavorisés figure afin de renforcer leur attractivité et éviter le départ des familles les plus favorisées vers le privé. Cela pourrait inclure l’ouverture de classes bilingues, de sections internationales et d’autres classes à horaires aménagés, jusqu’à présent réservées aux établissements les plus privilégiés.

Depuis 2016, il existe un indice de position sociale (IPS) qui attribue à chaque élève un score social compris entre 45 et 185, en fonction de la catégorie socioprofessionnelle de ses deux parents. Cela permet de situer le profil social de chaque établissement.

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