Foutez-nous la paix ! de Isabelle Saporta chez Albin Michel
Isabelle Saporta est journaliste, chroniqueuse à Europe 1 et auteur de documentaires, auteure de Foutez-nous la Paix ! édité par Albin Michel est un étonnant qui met en avant toutes obligations, les interdictions, les aberrations et autres que doivent vivre au quotidien les éleveurs et les agriculteurs de notre beau pays qu’est la France.
Et toutes ces curiosités englobées – assez souvent – dans un vocabulaire plus administratif que humain.
Pourquoi utiliser des termes simples, par exemple « la végétation concurrentielle » c’est tout simplement : de l’herbe.
Foutez-nous la paix ! présente nombre d’anecdotes que l’on pourrait trouver drôle si elles étaient dans un film comique, mais c’est la réalité.
Autre exemple, une bergère, des brebis et un abreuvoir. ON peut penser qu’il est possible d’installer un abreuvoir comme on le désire, sauf que si on se trouve en zone « Natura 2000 », ce n’est pas gagné : des montagnes de paperasses administratives, des plans dignes de la construction d’un gratte-ciel pour obtenir un… refus.
Isabelle Saporta, sur plus de 300 pages, faire le tour du sujet en présentant près de 50 cas, plus curieux les uns que les autres.
Savez-vous quelle pression écologique un âne exerce sur son pâturage ? Votre carrelage est-il réglementaire ? Connaissez-vous le supplice de la pédichiffonnette ?
Pour écrire cet ouvrage Isabelle Saporta a rencontré nombre de professionnels qui subissent ces réglementations, de Tracy-sur-Loire à Créances, de Noceta à Eygalières, ils sont éleveurs d’agneaux de pré-salé ou de poules de Marans, fabricants de bruccio, de beaufort ou de roquefort, vignerons… que l’administration harcèle en permanence, transformant leur quotidien en enfer.
Foutez-nous la paix ! peut être lu de manière linéaire, mais aussi au hasard des chapitres. L’écriture et dynamique et agréable.
La plupart des cas abordés font sourires et même rires. Le problème est que ce n’est pas de la fiction et que ceux qui les subissent eux ne rient pas tous les jours et doivent tenter de continuer malgré toutes ces normes.
Savez-vous ce qu’est une pédichiffonnette (que j’ai citée ci-dessus ?) Le nom est rigolo, mais il ne fait pas rire les éleveurs de poulets. Les pédichiffonnettes sont des chaussettes d’analyses. Les paysans doivent régulièrement les porter, aller marcher là où vivent les poules, dans leurs excréments. Pour tester la présence de salmonelles. Il faut savoir que ce n’est pas parce qu’il y a des salmonelles dans les fientes de poules que la viande est contaminée.
Ce livre tire la sonnette d’alarme face à toutes les obligations et puis il permet d’imaginer la complexité admirative que subissent les paysans pour que nous ayons quelque chose à mettre dans nos assiettes.