Extrait de « Témoignage d’un enfant 1938 / 1942 »

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Le camp de la Braconne était en pleine forêt. Là étaient rassemblés des chevaux et des mulets de l’armée.

Mon père disait que les internés étaient uniquement ici pour manger les bêtes qu’il fallait abattre. Il n’avait pas perdu son sens de l’humour.

Les visiteurs n’avaient pas accès aux baraques. Je pus pourtant accompagner mon père. Elles étaient semblables à celles que l’on peut voir au cinéma dans des films sur les prisonniers de guerre.

Mon père ne parlait pas de ses conditions de vie. Il espérait être incorporé dans l’année Française d’un jour à l’autre.

Il s’inquiétait plus de notre sort à Limoges que du sien. Il avait demandé une permission de quelques jours car il sentait que nous étions mal installés.

Quant à la guerre, on n’en parlait plus. Elle était en veilleuse Pour tout le monde.

Je me souviens d’un voyage au retour duquel notre voiture était tombée en panne d’allumage.

Le soldat qui nous accompagnait se débrouilla pour nous faire monter dans un camion chargé de fûts métalliques vides qui s’entrechoquaient.

Nous avons regagné Limoges dans un bruit d’enfer.

Notre deuxième installation

Mon père obtint sa permission. Quelques jours à passer avec nous qu’il utilisa pour nous trouver un logement décent.

Il nous trouva une grande pièce avec alcôve pour les lits, cabinet de toilette, eau, gaz, électricité et une cheminée au dernier étage d’un immeuble rue Gondinet, près des halles.

En face était la célèbre rue de la Boucherie où il n’y avait que des étals de bouchers comme son nom l’indique.

Le logement n’était pas meublé d’où son prix modique, je me souviens, deux cent vingt cinq Francs par trimestre.

Nous l’avons meublé au marché aux puces, livraison effectuée par nos soins avec une clavette à bras.

Dès que mon père était présent, tout s’arrangeait.

Entre temps, ma mère et moi avions décollé les cent cinquante kilos de timbres que nous avions fait suivre de Paris, pour en réduire le volume.

Nous entreprîmes, avec mon père, de les trier pour les expédier à Paris. Le marchand, dont les affaires ne devaient pas être trop florissantes, nous les paya cependant en plusieurs fois.

Pour nous, c’était un ballon d’oxygène car nous étions sans ressources et n’avions presque plus d’argent.

Ouvrage disponible pour 4,90 euros sur la boutique de Notre-Siècle :

http://notre-siecle.com/boutique/home/1-temoignage-d-un-enfant-38-42.html

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