Emmanuel Macron : Entre le plaidoyer « pro modo » et le discours politique

Avec Emmanuel Macron, tout est toujours surprenant et en décalage, ses vœux du 31 décembre n’échappent pas à cette règle.

Même si certains préfèrent ne pas écouter les vœux du président, par habitude et curiosité, à 20h00, le 31 décembre, je suis devant ma télévision.

Il y a généralement, des phrases qui marquent, qui restent, tel que celle des derniers vœux de François Mitterrand, le 31 décembre 1994 « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ». Après 14 ans et 2 mandats, il ne se représentait pas (il n’y avait pas de limite à l’époque) et savait ses jours comptés (il est mort 1 an plus tard, le 8 janvier 1996).

Avec le président Macron, la première chose remarquable est la longueur de son allocution, 16 minutes, c’est long, trop long.

Il nous a parlé durant plus d’un quart d’heure, debout, raide comme un poteau. Était-ce bien lui ou sa statue du musée Grévin ? Allez savoir.

Nous avons eu droit à quelque chose entre le plaidoyer « pro domo » une défense point par point de ce qu’il a fait et de ce qu’il va faire et un discours électoral pour nous convaincre de voter pour lui.

J’ai eu l’impression de voir le serpent Kaa dans le dessin animé de Walt Disney, tiré du Livre de la jungle de Rudyard Kipling, essayant d’hypnotiser le jeune Mowgli : « Aie confiance … Crois en moi … Fais un somme … Sans méfiance … »

Si Kaa est presque drôle dans le Livre de la Jungle, Emmanuel Macron est pathétique dans le rôle de président. Surtout lorsqu’il nous parle de transparence, de vérité, de choses qu’il n’accepte pas …

L’inacceptable : Alors, il aurait été intéressant – par exemple – qu’il nous explique pourquoi s’être fait photographier avec deux hommes torse nues, lors d’un déplacement sur l’île de Saint-Martin, aux Antilles. C’est inacceptable pour un président en fonction.

Quant à la transparence, pas un mot sur ses relations (passées et présentes) avec Alexandre Benalla. Une petite phrase pour recadrer, car ce n’est pas parole contre parole. On croira plus facilement la parole d’un président que d’un ancien … je ne sais quoi …

Sur la situation actuelle, le mouvement spontané des gilets jaunes, est une simple « grogne », pour lui une grogne positive qui montre que la France « veut bâtir un avenir meilleur reposant sur une capacité à trouver une meilleure manière de faire et d’être ensemble ».

Maintenant, en essayant de comprendre le fond de ce long discours, il a parlé de son gouvernement et des tâches qu’il doit accomplir dans les prochains mois. Donc pas de parole donner aux Français, pas un mot du « référendum d’initiative citoyenne ».

Toutefois, dans ses vœux d’hier soir, Emmanuel Macron demande aux Français de lui faire confiance et il a prononcé une phrase montrant qu’il va voir ce qui se passe en ce début d’année 2019 « J’aurai des décisions à prendre car, de toute évidence, nos institutions doivent continuer à évoluer ».

Et là, c’est un jeu de quitte ou double.

Soit les Français l’ont écouté, tout rentre dans l’ordre et Emmanuel Macron peut continuer à dérouler son programme pour lequel, comme il le rappelle souvent, il a été élu. Même s‘il a été élu avec une faible participation, c’est le fonctionnement de notre démocratie.

Soit les Français ne le croient pas, et le mouvement des gilets jaunes (ou sous une autre forme) reprend et s’exprime en bloquant à nouveau de différente manière la France (en espérant que les casseurs ne se mêlent pas à ces mouvements). Et là, de toute évidence, Emmanuel Macron en tirera les conclusions qui s’imposent. Mais, comme toujours, c’est sa marque de fabrique :ne pas agir dans la précipitation.

À suivre dans les prochaines semaines.

Quitter la version mobile