De plus en plus de Français profitent du confinement pour se former

Mais où en est réellement la formation professionnelle ?

Plan de développement des compétences, compte personnel d’activité, conseil en évolution professionnelle, validation des acquis : tous ces dispositifs ont été créés pour aider chacun(e) de nous à construire sa carrière mais, en réalité, nous ne les connaissons pas vraiment.

De la loi du 16 juillet 1971, initiée par Jacques Delors, à la « liberté de choisir son avenir professionnel » prônée en 2018 par Muriel Pénicaud, les différents gouvernements ont procédé à des réformes qui ont multiplié les dispositifs et complexifié les circuits de financement.

Comment est-on parvenu à un système si complexe ? En quoi ces dispositifs consistent-ils ? Sont-ils efficaces ? Thierry Legrand-Browaëys répond à toutes ces questions dans son ouvrage Formation professionnelle : comment en sommes-nous arrivés là ?

La formation professionnelle : un symbole des complexités et des inégalités

Si de nombreux ouvrages et « guides pratiques » sont déjà consacrés à la formation professionnelle, aucun ne permet de comprendre comment le système s’est construit.

Depuis le début des années 1970, quatorze lois ont façonné et réformé la formation professionnelle en France. Le livre de Thierry Legrand-Browaëys étudie en détail les contenus de chacune des réformes et en explique le contexte. Pour cela, il se réfère aux lois, aux accords nationaux interprofessionnels, aux rapports parlementaires et aux travaux réalisés par différents think tanks.

Formation professionnelle : comment en sommes-nous arrivés là ? est la première édition de référence depuis la promulgation de la loi « avenir professionnel » du 5 septembre 2018. Le livre explique comment le système français de formation s’est construit pour en analyser les points forts, les limites et pour proposer des améliorations.

L’histoire d’un système créé par et pour les Français

Au début des années 1970, la mobilisation des organisations patronales et des confédérations syndicales pousse le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas à créer un droit au congé de formation, à mettre en place les premières structures de coordination et les fonds d’assurance-formation.

En 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir conduit à des réorientations majeures. Les représentants du personnel acquièrent plus de prérogatives dans les entreprises et participent aux négociations de branche. Pour lutter contre le chômage des jeunes, le gouvernement de Pierre Mauroy encourage, par ailleurs, le recours aux formations en alternance.

Grâce à toutes ces évolutions, la formation professionnelle devient, au début des années 1990, un des moyens d’action de la politique de l’emploi, notamment avec la généralisation du crédit-formation, la légalisation du bilan de compétences et le développement d’un véritable droit à la qualification.

Par la suite, le système de formation professionnelle continue à se construire et à se structurer au gré des alternances politiques : 1993, 2002, 2004, 2009, 2011, 2014, 2016 et 2018.

Le système s’adapte progressivement aux aspirations des Français pour les aider à gérer les situations de transition professionnelle, de mobilité ou de réorientation dans le contexte de plus en plus exigeant de la mondialisation.

Malgré de bonnes intentions, les réformes successives ont malheureusement abouti à une trop grande multiplication des dispositifs et à une trop grande complexité des circuits de financement. Thierry Legrand-Browaëys explique ainsi que « l’accumulation des réformes n’empêche guère la persistance de fortes inégalités. Il reste évident que les cadres des grands groupes bénéficient plus souvent d’actions de formation que les salariés les moins qualifiés, en particulier ceux des T.P.E. et des P.M.E. Les pratiques des entreprises ne vont d’ailleurs pas dans le sens d’une démocratisation puisque les techniques de détection et de gestion des talents incitent à privilégier le développement des compétences des salariés évalués comme étant les plus performants. »

Des améliorations sont indispensables

Selon Thierry Legrand-Browaëys, les suggestions sont nombreuses et diverses mais, pour que la formation professionnelle puisse davantage contribuer à la cohésion sociale et à la réduction des inégalités professionnelles, cinq principes sont proposés, à savoir :

  1. Simplification, 2. Responsabilisation, 3. Communication, 4. Contrôle, 5. Digitalisation

Informations pratiques

Formation professionnelle : comment en sommes-nous arrivés là ?

A propos de l’auteur : Thierry Legrand-Browaëys

Diplômé de l’École de Management de Lyon et de Sciences Po, Thierry Legrand-Browaëys a exercé des fonctions de gestion et de développement des ressources humaines dans plusieurs entreprises multinationales. Il travaille actuellement pour un grand groupe de l’industrie du câble. En 2019, il publie Formation professionnelle : comment en sommes-nous arrivés là ? chez Édilivre.

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